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Pourquoi un article sur Star Wars ? Je suppose que plein d'autres l'ont déjà fait avant moi... Mais si je suis écrivain et motion designer* aujourd'hui, c'est en grande partie grâce à cette saga, même si, autant foutre les pieds dans le plat directement, non ! les films NE SONT PAS bons !!
Afin de lever tout équivoque, j'adore Star Wars !! J'ai vu tous les épisodes au moins 30 fois (5 fois au cinéma pour l'Episode I), je possède un nombre incalculable d'objets estampillés SW chez moi, mes chiens s'appellent Chewie et Jabba, mais, à la veille de la sortie de l'Episode VII, que je m'empresserai d'aller voir à la première séance, je m'interroge toujours sur le succès de cette saga. J'ai été bercé depuis tout gamin par le bruit des sabres laser, le hurlement des TIE fighter et les combats spatiaux, et pourtant, ces films me laissent toujours un arrière goût d'inachevé.
La légende
Je vais tout de suite tordre le cou à une vieille croyance populaire : non ! Lucas n'a pas écrit 3 trilogies.
En 1973, quand il commence la rédaction de ce qui s'appelle encore "The Star Wars", Lucas pose les base de son histoire en y intégrant toutes ses influences SF, japonaises, américaines, etc. Mais tout ça est encore très confus. Peu à peu, son script évolue, mais ce n'est alors qu'une histoire, pas un scénario ! Dans la version de 1975, Luke Starkiller ressemble plus au personnage d'Obiwan Kenobi, les sabres laser sont les armes des stormtroopers, et la Force n'est pas encore un concept très abouti. Devant l'ampleur de son univers, il décide alors de le scinder en 3 parties, jugeant qu'il serait plus intéressant de développer celle du milieu.
Il entame alors une seconde phase d'écriture qui le dépasse une nouvelle fois. Il coupe à nouveau son histoire en 3, et se consacre à la rédaction proprement dite du scénario qui deviendra "Star Wars", et plus tard "Star Wars - Episode IV - A new hope". Ce processus, pour ce seul film, lui prendra 4 ans. Il a donc posé les bases d'une histoire beaucoup plus large, déterminé les règles à l'échelle d'une Galaxie, mais il n'a pas écrit 9 histoires, il n'en a écrit, pour le moment, en 1976, qu'une seule !
Le Style Lucas
Mais Lucas n'aime pas écrire ! C'est plus un artisan, pour lui, tout se passe au moment du montage, et il teste, monte et démonte ses idées, s'entoure d'artistes de talents pour conceptualiser sa vision. S'il n'a pas eu la liberté financière d'agir vraiment à sa guise pour la réalisation de l'Episode IV, ce style se vérifiera sur les films de la Prélogie (Episode I, II et III). Lucas tourne beaucoup de plans, il les monte, change son histoire, les enjeux, et se paie le luxe de pouvoir faire revenir ses acteurs pour de nouvelles phases de tournages plusieurs mois après le tournage principal. Il peut, selon sa vision, soit tourner des raccords (des scènes expliquant certains enjeux) soit carrément retourner des scènes en leur donnant une orientation différente. Et c'est bien là tout le problème à mon sens !
Contrairement à d'autres films cultes des années 70, 80, 90, tels que Retour vers le Futur, Terminator ou Alien, loin d'être parfaits, certes, mais avec des scénarios beaucoup mieux finis, les films Star Wars sont truffés d'incohérences, de pistes qui ne mènent nulle part, de blabla inutile.
Première scène du film, après les trompettes de la 20th Century Fox, le silence total : "A long time ago, in a Galaxy far, far away...", puis une explosion de cuivres sur laquelle apparaît le logo sur fond étoilé ! La tension redescend alors durant le générique qui place intelligemment le contexte, puis un vaisseau entre dans le champ nous passant au-dessus, la musique reprend de plus belle, et un deuxième navire apparaît, encore plus gros, démesuré, interminable. On change de perspective, le plan est encore plus percutant que le précédent, le spectateur est plongé directement dans une action qu'il n'a encore jamais vu. En un mot : PARFAIT ! De tous les débuts de films, de livres, je n'ai jamais retrouvé quelque chose d'aussi génial, direct... parfait. Ensuite, le premier vaisseau se fait absorbé par le plus, et on passe à l'intérieur. Présentation des protagonistes : on comprend immédiatement qui sont les bons, et qui sont les méchants. Quelques dialogues (légèrement surannés) plus tard, tous les enjeux sont posés, le mystère (avec la Pincesse Leïa qui, parlant à une sorte de poubelle à roulette, dit : "au-secours Obiwan Kenobi, vous êtes mon seul espoir"), l'humour (les 2 droïds traversant un champ de bataille sans se prendre une seule bastosse) et c'est là que les problèmes commencent.
C-3PO et R2-D2 prennent place dans une capsule et s'échappent du vaisseau. Le vaisseau a donc été arraisonné, mais ces crétins de l'empire ont laissé la trappe de leur hangar ouverte pour ??? Là, l'Amiral en chef, après avoir été informé qu'une capsule, "sans être vivant à bord" a été éjectée, donne l'ordre de ne pas tirer !!! Quoi ?! Ils cherchent des plans, il y a donc tout lieu de penser qu'ils puissent être à bord ! Donc soit tu tires imbécile, soit tu t'assures que quelqu'un soit présent sur la planète au moment ou le truc va se poser. Mais non. Et à partir de là, tout est comme ça.
Les droïds tombent, comme par hasard (la Force diront certains... mouais), chez les Lars/Skywalker, ferme qu'Anakin SkyVador connait bien, vu que sa mère y est inhumée, mais dans laquelle ce génie de Yoda décide quand même d'envoyer Luke après l'avoir soustrait à l'influence de son père, père qui n'aura donc jamais l'idée en 20 ans d'aller y jeter un œil... R2-D2 s'enfuit ensuite retrouver Obiwan (là aussi incohérence quant aux différents noms donnés entre les 2 trilogies Ben - Obiwan), donc la scène où l'oncle Owen achète les robots ne sert à rien, autant donner un prétexte à Luke d'aller voir directement Obiwan pour éviter une boucle scénaristique inutile, puis ils reviennent à la ferme, pour retrouver l'oncle et la tante de Luke morts. Personnages inutiles, sans enjeux, qui n'ont pour seul but que de ralentir Luke dans son émancipation, durant environ 2'40" de film. Face à son destin, Luke décide de suivre Obiwan et rencontre Han Solo, et... Chewbacca ! Quel est l'intérêt de ce personnage ? Attention, j'adore cette "boule de p'luche", pour rappel, mon chien s'appelle Chewie, mais durant 3 films (et demi) a aucun moment il n'influe sur l'histoire. Ok, il sert de prétexte pour infiltrer le niveau des cellules, mais on aurait pu trouver n'importe quoi d'autre, et sinon il répare C-3PO (et mal en plus) dans l'"Empire contre-attaque" et déclenche le piège des ewoks dans "le retour du Jedi". Point ! Merci d'être venu.
Juste après, il se rendent sur Alderaan qui se fait pulvériser. On assez peu d'informations quant à cette planète, mais on sait qu'elle est tempérée, qu'elle donc dotée d'un écosystème riche, qu'au moins plusieurs centaines de millions de personnes y habitent, et que la Pincesse Leïa y a grandi, mais curieusement, quand la joyeuse troupe parvient à s'enfuir de l'Etoile de la Mort, Luke n'arrive pas à se consoler de la mort d'Obiwan (qu'il connait environ depuis 1 heure) et est réconforté par Leïa, Princesse d'une planète détruite ???? Obiwan était un guerrier en plus, il a choisi sa mort, contrairement aux innocents d'Alderaan, mais c'est Luke qu'il faut consoler ??? Aberrant !
Et c'est en ça que c'est surprenant ! Lucas avait en sa possession toutes les clés pour palier à ces incohérences. Certes, il clame haut et fort qu'il n'avait pas les moyen de faire le film qu'il voulait, mais c'est le cas de beaucoup de réalisateurs dont les histoires restent pourtant beaucoup plus abouties et cohérentes.
En Vrac
Si on poursuit avec les autres films, quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi diable Dark Vador meurt-il donc ?? Il s'est pris deux éclairs et ça lui a cassé son masque à gaz, c'est ça ?! Au pire, tu passes chez Bricorama, t'achètes deux fusibles et tu te bricoles un truc. J'ai entendu des théories comme quoi ça serait son retour du côté lumineux de la Force qui l'aurait tué ?? Après 12 heures de l'histoire d'Anakin Skywalker (parce que oui, Star Wars made in Lucas, c'est l'histoire d'Anakin !!) ça mérite même pas 30 secondes d'explications claires ? D'ailleurs, pourquoi quand lui meurt, il ne disparaît pas comme Obiwan et Yoda ? Il faudra attendre 22 ans et la sortie de l'Episode III pour avoir un semblant d'explication.
Les Etoiles de la mort... En voilà une belle trouvaille ! Quitte à en construire une deuxième, pourquoi ne pas la doter du même talon d’Achille que la première ?
La Prélogie est aussi bourrée de ces faiblesses scénaristiques.
Pendant 10 ans, les jedi sont au courant que les Sith sont revenus, mais ça les inquiète pas plus que ça ? Palpatine est si doué que ça pour dissimuler sa véritable personnalité à TOUS les jedi réunis ?
Ni Anakin, ni les autres d'ailleurs, ne sentent que Padmé est enceinte de jumeaux ? Les mecs traversent cent mille années lumière en deux jours, et ils ont pas encore inventé l'échographie ? Pour avoir assisté à toutes les séances avec ma femme, je vous garantie que c'est saisissant comme technologie. On reconnait les traits du bébé, on voit les cheveux bouger, donc si y a deux lardons dans un espace quand même assez restreint, je pense qu'on peut pas les louper.
Padmé appelle ses bébés par leur prénom Luke et Leïa, mais d'un point de vue scénaristique c'est complètement con ! ça casse tout suspens pour les générations futures qui vont découvrir la saga dans son ordre chronologique.
Alors pourquoi ?
Là est toute la question... Qu'est-ce qui fait que cette saga s'est imposée comme référence absolue ? Tout comme l'oeuvre de Tolkien (pourquoi ces putains d'aigles n'ont pas directement emmené Frodon à la montagne du Destin ?) elle est imparfaite, absurde parfois, mais elle est universelle.
Encore une fois, la première scène de l'Episode IV est juste parfaite. Lucas n'est pas un réalisateur très audacieux, ni un très bon directeur d'acteurs, mais ce qu'il nous offre est du vrai cinéma, c'est à dire un vrai spectacle à voir sur grand écran, une oeuvre qui perd forcément en intensité quand on la voit à la télé (contrairement à la majorité de nos (télé)films made in France qui n'ont de cinéma que le nom), et rien que ça, je pense est suffisant pour excuser le reste.
Et puis il y a les combats spatiaux, fabuleux, rythmés, et surtout, réalistes ! Lucas s'est d'ailleurs servi de rush de combats aériens de la Seconde Guerre Mondiale pour monter ses scènes, et ça, ça parle à nos âmes de gosse. Qui n'a jamais rêvé de piloter le Faucon Millénium ou d'avoir son propre sabre laser. Tout dégage une impression "cool" typique de la jeunesse des 50's aux Etats-Unis dont Lucas est un pur produit. Impression très atténuée dans la Prélogie qui, (je sens qu'on va crier à l'hérésie) n'est pas plus mauvaise que les films d'origine !, mais à laquelle il manque un Han Solo et un Faucon Millénium. Darth Maul et Qui-Gon sont, à mon avis, les deux seuls personnages un peu classe, mais on sait comment ils finissent.
La "sonorité" de Star Wars y est aussi pour beaucoup. En choisissant la musique classique, Lucas mise sur une partition universelle et indémodable, beaucoup plus facile à transmettre d'une génération à l'autre que s'il avait préféré le disco alors à la mode. En parallèle, Ben Burtt a créé de toute pièces un nouveau lexique de sons, de bruits qui font maintenant parti de nous, du bruit des sabre laser, à la respiration de Vador et chaque vaisseau spatial à sa propre signature. Alors certes dans l'espace, le son n'est pas porté, mais c'est tellement plus palpitant à regarder comme ça que de revoir 2001 : Odyssée de l'Espace...
Au final, on aime, on adore, on s'attache à plein d'éléments séparément, plein de lieux, de personnages, de concepts reliés par une histoire, dont finalement on se fout un peu...
Bref, j'espère que vous aurez bien compris qu'au-delà de tout ce qu'on peut lui reprocher, j'aime profondément cette saga et son univers qui m'a bercé et aussi totalement influencé, mais qu'en tant qu'oeuvre de cinéma pure, prise individuellement, eh bien, c'est dommage, mais on aurait pu avoir tellement mieux.
A demain pour un article sur Star Wars - Episode VII - The Force Awakens, et que la Force soit avec vous....
*le mec qui fait les effets spéciaux numériques entre autre
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